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Un jour de la vie d’un résident libanais de la classe moyenne - Expliquer la crise politique et économique au Liban

Analyse d’opinion de Yara Zebian, rédactrice

Septembre 11, 2021

Nous ne sommes pas seulement fatigués de la crise au Liban, mais nous sommes aussi fatigués d’essayer d’expliquer cette crise aux gens qui ne l’ont pas vite. Nous pouvons vous inonder avec des détails atrocement douloureux de la vie dans un pays failli qui est le Liban, mais vous ne le comprenez toujours pas. “Tu exagères” un etranger qui n’a jamais mis le pied au Liban m’avait dit une fois. C’est une crise au-delà de la compréhension d’un esprit d’une personne privilégiée. Néanmoins, nous avons besoin de votre compréhension de l’impact si terrifiant de cette vaste crise à chaque citoyen libanais. Même si je n'ai pas la capacité de parler au nom de nombreux résidents de ce pays (les travailleurs domestiques immigrés, les résidents au-dessous du seuil de la pauvreté, les réfugiés palestiniens et syriens, etc.), j’utilise cette plateforme pour vous guider dans le quotidien d’un résident libanais de la classe moyenne. En lisant cet article, imaginez-vous la protagoniste de cette histoire. Permettez-moi de vous amener à un quotidien de votre vie en tant que résident ordinaire libainais en 2021.

Une journée de la vie

Tu te réveilles, c’est une nouvelle journée. Tu n’avais pas la chance de t’endormir bien hier soir comme toutes les autres nuits à cause de la chaleur étouffante; la température a atteint un bonde de 32°C (90°F) la plupart des jours, mais tu n’as pas les moyens pour combattre la chaleur; ça exige un système de climatisation, et tu ne peux pas allumer ton clim ou ton ventilateur en raison du manque d'électricité. En tout cas, nous y arrivons plus tard. Où étions-nous? Ah oui, tu te réveilles après une nuit d'un sommeil inconfortable, tout en sueur.

Ta première chose à faire: te doucher. Tu t’en vas à la salle de bain mais il n’y a pas d'électricité, alors tu prends ton téléphone pour utiliser sa torche faible. Tu es en nage, tu sautes pour faire une douche rapide. Mais attends: il n'y a pas d’eau chaude. Avoir un eau chaude aux douches demande une planification en avance: Tu dois savoir quand l'électricité est disponible pour allumer le chauffe-eau au moins une heure avant la douche. Mais voici un des nombreux problèmes: ton domicile ne reçoit pas plus d’une heure d’électricité publique chaque jour, voire pas du tout. Si tu te peux encore permettre, tu as peut-être un générateur privé sur lequel tu t'appuies en tant qu’un fournisseur d'énergie de la maison, mais c’est juste une solution temporaire après la crise de la pénurie de carburant et de gaz rend la possibilité de fournir le carburant nécessaire pour t’assurer l’électricité presque impossible pour les fournisseurs des générateurs privés. Ainsi, ces fournisseurs ont commencé à adopter un système de rationnement, et si tu es assez chanceux, tu recevras un calendrier quotidien qui t’informe sur les heures dans lesquelles le générateur fonctionne, qui sont entre 6-8 heures chaque jour  (ceux qui n’ont pas la chance ne reçoit même pas un calendrier).

Mais tu dois prendre une douche quand-même, tu pues; alors, tu prends une douche froide rapide, et tu sautes dans la cuisine pour préparer un petit-déjeuner bien mérité. Tu penses aux choix que tu peux avoir sans courant. Le pain grillé? Non. Un café? La bouilloire a besoin de courant. Des œufs? Des flocons d’avoine? Mais est-ce que tu as assez de gaz pour allumer ta poêle et cuisiner? En considérant qu’il y’en aie encore peu, tu chauffes l’eau pour te préparer le café et les œufs à l'ancienne. Après que tu aies passé ton repas, tout en essuyant la sueur sur le front, tu rassembles de l'énergie pour aller au travail, mais il y a un "petit" arrêt que tu dois faire avant ça.

Tu es en route vers le travail maintenant. Tu démarres la voiture, tout en redoutant l'affichage de “bas niveau du carburant". Tu conduis à la station-service ouverte la plus proche dans laquelle une personne ordinaire attend désormais pas moins de 2 ou 3 heures. Les voitures ont formé un fil d’attente d’au début de la station-service jusqu'à cinq kilomètres (trois miles) en moyenne. Tu prends une poste au bout de la ligne ou tu y restes les 2 ou 3 prochaines heures, progressant une voiture après l’autre. Tu es encore en nage, mais allumer le climatiseur de la voiture gaspille encore plus de carburant et tu ne peux pas te permettre de gaspiller un tel luxe pour te rafraîchir, alors tu souffre de la chaleur. Es-tu encore fatigué? Tu as un jour entier devant toi, alors fais avec.

Enfin, tu arrives à la station-service, mais n' attends pas a te remplir la voiture après cette longue attente; ils rationnent le carburant, donc ils ne te donnent pas plus d’une quantité fixée du gaz pour l’argent, suffisant pour un ou deux jours avant d'être renvoyé de nouveau dans le fil horrible pour attendre de façon inhumaine en échange d’un peu du carburant. Tu as finalement fini de la station-service; tu t’en dois aller au travail. Une heure a déjà passé. Tu es encore coincé dans les embouteillages. Une autre heure. Encore coincé dans les embouteillages. Rappelles-toi le fil auquel tu as attendu pour remplir le carburant? Ainsi, chaque station-service a de tels fils, ce qui crée du trafic insupportable que même les personnes qui n’ont pas besoin de remplir leur véhicules en doivent subir. Ça n’est pas ton heure de pointe typique.

Tu arrives enfin au travail, tu es un employé dans une boutique. C’est le jour de paie, la journée la plus favorable du mois! Ton salaire mensuel est de 1,500,000 livres libanaises, ça semble beaucoup? Cette somme se traduit de 78 dollars avec la crise politique et économique qui menace le Liban, comparé à 1,000$ de la valeur avant la crise; ça ne vaut pas assez beaucoup aujourd’hui, n’est pas? Tu reçois ton salaire et tu te complètes toutes les transactions en livres libanaises, pas en dollars, parce que c' est pour les personnes riches. Ton salaire mensuel te doit durer hypothétiquement un mois entier, alors allons discuter de la manière de budget. De première, les inscriptions pour le generateur: un generateur de dix ampères coûte presque 2,000,000 de livres libanaises. De seconde, les courses: manger dehors coûte un bras de nos jours (dans laquelle un repas au restaurant vaut 80 ou 90 milles de livres libanaises comparé à la valeur de 20 milles avant la crise), donc tu as besoin de cuisiner tes propres repas. C’est pas grave —c’est bon pour la santé en fait—si seulement les courses ne coûtent pas très chers aussi et les produits de volailles et ceux laitiers ne sont pas considérés comme de la nourriture pour les personnes riches. Troisièmement, le bail: si tu as la chance, tu as déjà acheté/bâti une maison/un appartement, mais si ce n’est pas le cas, ton bail ne coûte pas moins de 5,000,000 millions de livres libanaises. Je ne suis pas le plus doué en mathématiques, mais même moi je pense que les choses ne collent pas. Pour garantir 6-8 heures d'électricité par jour (qui est une nécessité typiquement quotidienne) exige plus que ce que tu gagnes au mois. C’est le cas sans tenir compte des courses, du bail, et des autres nécessités de la vie.

Le travail est terminé mais pas encore le jour. Tu as l’intention d’aller dire au revoir à un ami qui quitte le pays bientôt. C’est le quinzième de tes amis auxquels tu dois dire au revoir pendant ce mois. Tu es content pour eux; ils méritent beaucoup mieux, mais tu es en douleur: tu n’es pas prêt pour faire ça — tu as besoin de tes amis à côté de toi — et tu n’es pas assez privilégié pour pouvoir immigrer. Cela dit, ils ne sont pas aussi contents; ils ne sont pas contents d'être obligés de laisser leurs vies, leurs amis et leurs familles pour la seule raison d’avoir une chance à un avenir. Personne n’est content. Tu passes le soir avec les amis, tout en faisant semblant du fait que c’est un rendez-vous ordinaire — personne n'ose en parler; personne n’est prêt pour ça. C’est le bout de la nuit, vous ne vous serrer jamais dans le bras assez étroitement avant; tu fais de ton mieux pour ne pas pleurer, mais en vain. “Prends garde et vas-y doucement sur toi-même" t’a dit ton ami. “Dis moi si tu as besoin de n’importe quoi et n'arrête pas d’envoyer les candidatures à l'étrangère, ton tour arrivera un jour.” C’est le vœu de la plupart de jeunes libanais: immigrer; c’est notre vœu à 11:11, notre vœu d’anniversaire, nôtre vœu du journal intime. Pour le moment, tu es accablé de deux émotions particulières. La première est la tristesse; c’est indispensable, ils te prennent les amis, l’un après l’autre, une méthode si astucieuse de la torture. La deuxième, c’est la colère, la fureur, la haine et c’est quelque chose commun que ta tristesse se transforme rapidement en colère. Tu sais très bien qui est responsable de tout ce qui arrive, et tu les vois éloigner tes amis, tu es encore plus enragé. Tu es furieux, exaspéré, fâché.  La blasphème est la seule source de communication. Tu rêves de faire la même chose que cette classe politique fait pour toi. C’est peut-être ton deuxième meilleur vœu absolu.

Il est 21:00 heures. Tu t’en vas de la maison de ton ami pour la dernière fois et tu montes dans la voiture. La première étape, voire s’il y a des routes bloquées. Ton état est celui de la plupart de la population libanaise, et avec beaucoup de désespoir il y a aussi beaucoup de fureur, donc, les manifestations. Les citoyens bloquent les rues chaque jour en vain, bien sûr, rien d'autre que la catharsis. Le 21:00 heures est le pic des heures de barrage routières, et tu ne préférerais pas te coincé. Tu demandes à tes amis, tu surveilles les nouvelles, et tu essaies de trouver la route parfaite à prendre. C'était un autre jour épuisant, toutes ces émotions te font mal à la tête, alors tu arrives à la pharmacie en cherchant quelques comprimés d'ibuprofène pour vaincre ce mal à la tête. Etrangement, l’ibuprofène n’est pas disponible, pas ici que chez d’autres pharmacies du pays. C’est pas grave, tu penses, c’est juste un mal de tête, tu peux y survivre sans; tu es encore une des personnes chanceuses. Tu n'es pas un patient du cancer duquel la vie est menacée à cause du manque des médicaments pour la chimiothérapie, ou un autre patient qui souffre de maladies chroniques et n’arrive pas pas à trouver les médicaments.

Tu es enfin chez toi. Ah, le confort de ta maison: un lieu où tu te sens sain et sauf. Tu t’allonges sur le canapé de la salle de séjour. Tu as en quelque sorte survécu un autre jour. Hourra? Tu allumes la télé pour regarder les nouvelles: les routes bloquées, les politiciens se disputent, les citoyens pleurent, les manifestations éclatent, les stations-services ressemblent à une zone de combat, l’aviation israélienne survol, les explosions entendues, les incendies se déroulent…les nouvelles ne te donnent pas le confort actuellement. “Est-ce que les journalistes ne sont pas encore fatigués de livrer des mauvaises nouvelles aux citoyens?” Tu penses à toi-même. Lorsque tu t’endormes sur le canapé, ton voisin tombe quelque chose lourd, tu te reveilles tout surprenant, ton cœur se bat en pensant: Est-qu’est une autre explosion? Un coup de feu? L’aviation israélienne? Qu’est qu'arrive maintenant? Oh, ne t’en fais pas, ce n'était que ton voisin…Tu réalises à quel point tu étais affolé: tu es encore traumatisé de l’explosion du 4 août, tu ne te sens plus confortable même chez toi. Mais, au moins tu as encore un toit sur la tête, tu essaies de te consoler. Il est minuit, la coupure d'électricité arrive. Il n’y a plus d'électricité dans la maison, l'obscurité complète, un couvre-feu offeusiement à l'échelle nationale si tu veux. Il n’y a pas de chose à faire que dormir. Tu changes de vêtements, te glisses dans le lit et tu as du mal à s’endormir avec la chaleur étouffante de nouveau, et le cycle traître se poursuit pour un autre jour.

Ça peut sembler un roman dystopique, mais en fait, c’est la vie réelle de tous les résidents au Liban. Si je réussis à te montrer la vie quotidienne au Liban, tu te sens probablement une des nombreuses émotions après avoir arrivé à cette partie de l’article. Je suppose que tu te sentes frustré, confus, désespéré, et/ou énervé. Tu te demandes, “c’est surréel, ce ne peut pas être si grave?” La vérité est qu’il est bien pire de ça; d'autant que j’ai essayé d’expliquer, il reste beaucoup d’aspects à s’attaquer en ce qui concerne cette crise. Je n’aurais pas eu la chance d’expliquer notre peur d’avoir besoin de soins médicaux ou d'hospitalisations urgentes, parce que les hôpitaux sont mal équipés et les frais médicaux sont hors de prix. Je n’aurais pas eu la chance de parler du manque de l’eau potable à cause de la crise de gaz. Je ne pouvais pas souligner l'incapacité des citoyens d'obtenir le pain pour leurs familles. Finalement, je ne pouvais pas présenter cette crise avec une approche intersectionnelle. L’article gratte à peine la surface de comment cette crise impacte les populations diverses au Liban, et il y a beaucoup plus à dire à cet égard.

Pendant que tu découvres notre quotidien flux de sentiments —même si c’est à moindre échelle—rappelle-toi la racine de cette crise. Cette crise était tant attendu pour les professionnels—la classe politique dirigeante organisaient dans une manière systémique la chute éventuelle du Liban dans leur agenda avide. Au contraire de la crainte commune, les libanais se mobilisent. Ils ne peuvent pas prendre les routes en masse, comme ce fut le cas pendant la révolution du 17 octobre, mais ils résistent par différents moyens. Les mouvements alternatifs augmentent, malgré leur diversité, ils sont tous tendus vers un gouvernement laïc. Ces organisations de base se sont engagées à la structure politique, tout en préparant pour les élections législatives de 2022 ainsi que des élections universitaires et celles des syndicats qui auront lieu en 2021. Pour le moment, ces mouvements marquent une victoire inédite, contre les parties confessionnelles générales, aux élections syndicales de l’Ordre des ingénieurs en juillet 2021 avec 15 sur 20 sièges dans les quatre départements et 221 sur 283 des sièges de délégués. Des victoires semblables ont été atteintes au club laïc de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) qui gagnait le plus de tiers en 2020 en espérant que telles victoires se reproduisent dans les élections estudiantines en octobre 2021. Les autres résidents du Liban se résistent tout simplement quand ils décident de survivre un jour de plus, en bloquant les routes, ou en criant aux bureaux gouvernementaux. Les libanais ne sont pas stagnants, leur définition de la résistance a été simplement amendée lorsqu’ils essaient de rester vivants.

Tu es arrivé jusqu’ici, alors je suis sûr que tu te demandes comment tu peux nous aider. Soit tu es un diaspora libanais, soit tu viens de réaliser que ce pays existe, partager cet article avec tous tes amis non libaanais. Aide-les à réaliser l’ampleur de cette crise et amplifier nos voix, sensibiliser les autres, et accompagner tout ça toujours avec les liens de dons aux ONGs non-confessionnelles et apolitiques. Tels ONGs inclut La Croix Rouge du Liban pour l’aide médicale, Embrace pour l’aide de la santé mentale, Elogrithm pour l’aide aux personnes traumatisées et à la santé mentale des étudiants, Live Love Beirut (Vive Aime Beyrouth) pour l’aide d’urgence, Anti-Racism Movement (le mouvement d’anti-racisme) pour les travailleurs domestiques immigrés qui travaille sous le système de kafala au Liban, et Borderless NGO (l’ONG sans frontière) qui se concerne l'éducation. Tu peux aussi trouver une liste encore plus compréhensive des ONGs auxquels tu pouvais faire un don dans le poste suivant, préparé par l’ONG Elgorithm. Alternativement, ou simultanément, je t’encourage à faire un don aux mouvements de base alternatifs qui reprennent à combattre et à organiser pour un Liban laïque tandis que les élections législatives de 2022 se rapprochent, une des telles organisations à laquelle tu peux faire un don c’est MADA network (le réseau MADA), qui a réuni 16 clubs laïcs créés à travers les universités, les régions, les syndicats au Liban. 

Ainsi que des dons monétaires, contacte les ONG médicaux locaux activement qui ont mentionné dans ce poste et leur donne des médicaments de l'étrangère. Tu peux aussi embaucher les libanais virtuellement et les payer en dollars—ou les envoyer à ton lieu de travail. Les autres manières d' aider comprennent le financement direct de l'enseignement des étudiants lycéens et universitaires libanais, parce que beaucoup d’eux ont dû quitter leur éducation en réponse de la hausse drastique des frais de scolarité. Alternativement, tu pouvais offrir plus d'opportunités de bourses à l'étrangère pour les libanais qui veulent continuer leurs études supérieures en tant que façon d’immigrer.

La crise ne disparaîtra pas par miracle dans les années qui suivent. En fait, un rapport du Banque mondial prévoit que le Liban a besoin d’au moins de 12 ans et d’un maximum de 19 ans pour récupérer de cette crise, qui a été classée comme pire que celle de la Grèce en 2008 et de l’Argentine en 2001. Tandis que le monde est déjà passé à la prochaine injustice, les résidents du Liban continuent à mourir d'une manière lente et implacable entre les mains des chefs de guerre avares et cruels.

This article is translated by Zeina Shoujaa, translation intern of The Phoenix Daily.

This article was originally published on September 8th, 2021.