The Phoenix Daily

View Original

« Talk about August 4 », au secours de la Mémoire libanaise

Nadim Choueiri, rédacteur

Février 17, 2021

L’importance de la Mémoire

Après qu’un certain événement se passe il y a toujours un processus de rassemblement de témoignages afin de construire une mémoire collective, et donc une histoire officielle, objective et neutre. 

 

Sans cela, il n’y a pas d’apprentissage possible faisant suite à l’événement en question, mais il y a une probabilité de répéter les mêmes faux pas qui ont conduit à ce dernier.  

 

L’événement duquel il est question dans cet article n’est autre que l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020, qui n’a désormais plus besoin de présentation. 

Toutefois, passé cet événement et comme l’auront remarqué la plupart des Libanais, il n’y a pas eu d’initiative concrète et réelle sur le plan officiel et gouvernemental pour construire une certaine mémoire collective. Pas de travail de recueil de témoignages, ni même le moindre discours aux victimes, aux Libanais. La classe dirigeante, a, comme à son habitude, continué à « travailler », en qualifiant cette explosion de « Business as usual ». 

 

Cette inaction après la catastrophe du 4 août serait encore plus dangereuse que l’événement de l’explosion en lui-même, parce qu’elle fait de la catastrophe quelque chose de « normal » et de révolu, duquel il ne faut plus parler. 

Au lieu de travailler sur une Histoire, sur une mémoire collective, et partant, de recueillir des témoignages ; il est sûrement plus facile de remettre les choses entre les « mains de Dieu », et de nous parler de l’image du Phénix sans arrêt. 

Ainsi, l’explosion du 4 août n’a jamais réellement été dépassée, et nombreux sont les Libanais qui la revivent chaque jour, jusqu’aujourd’hui - socialement, intellectuellement, professionnellement - dans tous les aspects de leur vie.

 

Face à cette mauvaise gestion - ou plutôt, non-gestion -  de l’après-catastrophe, une initiative voit le jour, celle de « Talk About August 4 ».  

 

« Talk About August 4 », le seul espoir d’une Mémoire

Ce sont trois étudiantes en Histoire (Marie-Joelle Courson, Nay Achkar et Aline Nasr) et une enseignante d’université (Julie Tegho Bou Nassif) qui sont à la base de cette initiative. 

 

Son but est clair, et sa conséquence nécessaire : il s’agit d’un projet d’Histoire visant à créer des archives et conserver les témoignages de ceux ayant vécu le 4 août, de près ou de loin. 

Cela conduirait à la construction d’une Mémoire, et par conséquent, d’une Histoire ; mais elle ne sera pas une Histoire modulée par des affiliations politiques, et ne sera pas une « version » du 4 août, mais sera un récit objectif de l’événement se basant uniquement sur des témoignages. 

 

Ce sera donc L’histoire du 4 août ; une histoire objective, qui n’a pour but que de faire parler de cet événement-là, dont les narrateurs ne sont autre que les victimes de ce jour-là ayant communiqué - à travers des textes, des vidéos, des images, des messages sur les réseaux sociaux - la manière avec laquelle ils ont vécu cet événement. Ce sera donc une bribe de justice pour chacune des victimes, et avant tout, une voix pour chacune d’elles. 

Ainsi, « Talk About August 4 » rassemble des éléments textuels, filmiques, vidéographiques, photographiques : en soit, tous les éléments qui servent de témoignage pour construire petit à petit les archives de l’événement et la mémoire collective.

 

La manière avec laquelle ce rassemblement de témoignages multiformes se fait démontre la neutralité du projet. C’est à travers des appels à contribution adressés à tous ceux qui le souhaitent sur les plateformes des réseaux sociaux que les éléments nécessaires sont recueillis. 

 

Ainsi, ceux qui s’expriment grâce à « Talk about August 4 » ne sont pas - pour une fois - des personnages d’influence qui vont écrire l’Histoire subjectivement, comme cela leur sert politiquement ; mais sont les victimes, le peuple lui-même. 

 

« Talk About August 4 » tente de construire malgré tout une mémoire et une Histoire du traumatisme collectif qu’ont vécu tous les Libanais le  4 août 2020, et donne donc une voix aux sans voix.

Peut-être qu’à partir de là, cette initiative pourra faire avancer les choses. 

 

Pour toute personne souhaitant participer au projet et contribuer en donnant son témoignage, les détails sont disponibles sur le compte Instagram de « Talk About August 4 ».

Lien : https://www.instagram.com/talkaboutaugust4/