The Phoenix Daily

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La Pandémie au Liban : un crash culturel

Edwars Sfeir, redacteur

Decembre 24, 2020

Il va sans dire que la crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID-19 a eu des retombées ravageuses sur la santé mentale de toutes et tous, et ce, surtout au Liban. 

Qu’en est-il des librairies, et comment vivent-elles cette crise ? 

Avec une explosion du taux de change entre le dollar et la livre libanaise, une population plus stressée que jamais et une série de confinements à mesures draconiennes, les librairies au Liban ont dû faire face à un effondrement catastrophique de leurs ventes. 

Malgré les divers services de livraison que certaines offrent, le défi était quand même de taille. Même lors d’achat de livres, les méthodes à distance gâchent toute l’expérience.

« Si à la faveur du confinement, on a dû recourir à l’achat des livres en ligne, le rituel de la librairie demeure insondable. Ce qui m’a manqué par-dessus tout, c’est le loisir des contemplations silencieuses, humer les pages d’un livre vivant. Le seul luxe auquel j’ai longtemps aspiré, c’est la possibilité de laisser errer librement mes mains et mes pensées dans cet espace de large et de liberté. » affirme Ali Bdeir, jeune diplômé en lettres françaises de l’Université Saint Joseph de Beyrouth. La situation économique a elle aussi eu un impact majeur sur les ventes : face à une dévaluation énorme de la monnaie nationale et étant donné que les livres sont importés en dollars américains, le pouvoir d’achat de bien des libanais fait chute libre ! 

« Ça fait presque un an que je n’achète plus de livres brochés à cause des prix exorbitants : la lecture est malheureusement devenue un luxe inaccessible à la majorité ! » avoue Maria Abou Aoun, élève en classe de terminale au Collège Notre Dame de Louaizé. 

Ainsi, les lecteurs libanais sont pris au piège dans l’océan de la Covid-19, se laissant diriger par les vagues de crise économique et de confinements.

La lecture se fait déjà assez rare chez la jeunesse, et dispenser les cours en ligne n’a pas vraiment arrangé les choses pour certains, selon Hestia Akiki, camarade de classe de Maria.

« À cause de la crise économique nous ne possédons pas tous nos livres scolaires et certains sont numériques. Or,l'exposition prolongée aux écrans a réellement affectée mon envie de lire, je suis moins concentrée, , c'est réellement décevant. » explique-t-elle. 

Contrairement à elles, Anthony Haidamous, étudiant en deuxième année en Sciences de la Vie et de la Terre – Biochimie trouve plus de temps pour lire depuis le confinement. « Mon livre est constamment près de moi et j’ai plus de calme durant mes pauses pour me consacrer à la lecture » confie le jeune étudiant.

Ainsi, les achats de livres des libanais sont relativement affectés par la pandémie ainsi que la crise économique qui l’accompagne. 

Comment les librairies locales survivront à ce nouveau défi dans un pays où la culture ne fait qu’être rétrogradée sur la liste des nécessités ?